Le chef d'oeuvre de Roger Dion est réédité aux éditions du CNRS. C'est un ouvrage de référence, à lire absolument pour comprendre le vignoble français, de sa création à sa situation à l'arrivée du phylloxéra.
Roger Dion y défend notamment l'idée que la valeur d'un terroir viticole, et donc sa réputation et sa fortune, est le fruit d'une construction historique et culturelle autant que naturelle.
Il faut bien-sûr considérer la géographie physique des terroirs eux-mêmes et leurs qualités naturelles ou intrinsèques (géologie, pédologie, hydrologie, climat etc.), celle de leur environnement plus large (enclavement, moyens de transport, accès au marché etc.), mais également les luttes sociales, économiques et (géo)politiques dont ils ont participé ou qu'ils ont eux-mêmes occasionnées, tant la place du vin dans la vie sociale, économique, politique et culturelle resta pendant vingt siècles centrale et essentielle. C'est un autre des grands mérites de l'ouvrage que de l'établir aussi clairement.
]]>C'est le récit d'une initiation croisée de deux amis et voisins, Etienne Davodeau, auteur et dessinateur, et Richard Leroy, vigneron.
L'un ne connaît rien à la vigne et au vin, l'autre ne connaît rien à la bande dessinée. Ils s'initieront donc mutuellement à leur disciplines respectives : travaux de la vigne, dégustations, lectures, visites, rencontres... Une année de découverte, de partage et d'amitié, pendant laquelle chaque "ignorant", pour apprendre, obligera l'autre à se dévoiler un peu.
Etienne Davodeau a déjà publié plusieurs livres remarqués et remarquables : Un homme est mort (scénario de Kriss), sur la révolte dans les chantiers de la reconstruction de Brest après-guerre et le travail du cinéaste René Vautier pendant ces événements ; Rural, et son portrait, à travers la résistance au bétonnage autoroutier d'utilité publique, de quelques habitants de la campagne angevine ; ou encore Les mauvaises gens, qui raconte la vie ouvrière et rurale, familiale, militante, religieuse et syndicale des parents de l'auteur dans la région des Mauges. Avec ce nouveau livre, on voit plus explicitement les préoccupations d'Etienne Davodeau dans son travail, graphiques, narratives etc., notamment à l'occasion des rencontres et échanges avec d'autres auteurs de BD.
Quant à Richard Leroy, dont les vins sont depuis longtemps à la cave, il mène depuis quinze ans un patient travail d'apprentissage du terroir de Montbenault pour y produire des blancs secs de table et de garde. C'est un vigneron curieux et sincère, amoureux du "ch'nin", complètement fou de vins et d'une culture encyclopédique en la matière. Le livre retranscrit bien son amour de son terroir et relate avec justesse ce que représente un an de soin apporté à la vigne et au vin, un an de vie avec sa vigne et son vin. Les dessins de Montbenault sont superbes et vraiment fidèles à l'esprit du lieu.
Montbenault, côté sud, avec vue plongeante sur la vallée du Layon
Enfin, le livre révèle aussi les nombreux points communs entre les deux métiers ; chez chacun le souci constant du respect de la qualité recherchée et la volonté d'être maître de son travail le plus longtemps possible pour rendre l'objet vraiment fidèle à son intention. Du choix du papier à celui des barriques, du contrôle des couleurs juste avant l'impression à celui des rendements et des raisins vendangées, l'attention est permanente et l'exigence extrême. Ethique, esthétique : deux questionnements qui habitent les démarches de ces deux "ignorants".
Cep de chenin à Montbenault, avant la taille
Dernière petite chose : on peut voir dans le livre deux barriques à part des Noëls de Montbenault 2009, qui seront mises en bouteille sans apport de sulfites ni filtration. Si tout va bien, les prochaines bouteilles de Montbenault disponibles ici en seront issues...
]]>Se pourrait dire aussi de flacons dont la charge de vin est élevée et dont la puissance est supérieure à celle de bouteilles normales.
Le magnum est un format de bouteille qui permettrait une meilleure conservation des vins (à conditions égales bien sûr), mais qui permet d'abord de partager une même bouteille avec plus de convives et même d'apporter à table un surcroît d'excitation et de gourmandise à son apparition. C'est encore parfois le contenant exclusif de certaines cuvées, jugées "à part" et suffisamment extra-ordinaires pour ne mériter d'être bues que dans cette quantité minimum...
Je vais donc proposer dans les mois qui viennent une sélection croissante de cuvées dans ce format. Pour garder, pour offrir, pour déboucher... Il y en aura pour chaque usage !
Pour commencer, quelques références seulement : Désirée 2008 du Domaine du Moulin (100% pinot noir), Jadis 2006 et Valinières 2005 de Didier Barral, Faugères 2007 du Clos Fantine, Coteaux du Vendômois 2005 d'Emile Hérédia...
S'y ajouteront petit à petit d'autres vins : plusieurs cuvées de Cyril Le Moing (Ponge 2009, Grolle noire 2009...), Patience 2007 de Christian Ducroux (les jus de presse du Régnié), Un grolleau noir 2005 de Patrick Corbineau, la Sagesse 2009 de Gramenon... De quoi réjouir de bonnes tablées !
Les vins seront présentés sur le site au fur et à mesure de leur disponibilité ; certains sont encore dans leurs barriques. Ils seront logiquement "rangés" dans une nouvelle catégorie : "Magnum".
]]>Comme pour le vin et le thé, les étapes menant à la production d'un grand produit sont nombreuses et complexes, avec là aussi la combinaison d'un double savoir-faire, paysan et artisan. Stéphane Cataldi sélectionne des grains verts de haute qualité pour torréfier ensuite avec précision et respect, à la demande, cette belle matière première.
Ces excellents cafés sont en vente sur le site de Stéphane : Caffè Cataldi. On y trouve aussi de nombreuses explications sur l'origine, le mode de culture, la récolte, le séchage et la torréfaction de ses cafés, ainsi que sur leur préparation, leur conservation etc.
N'hésitez pas à lui demander conseil. Il se fera un plaisir de vous faire partager sa passion.
Quelques cafés de la sélection, ici en grains verts :
Ci-dessous une présentation de Stéphane, extraite de son site :
"Stéphane Cataldi a vu le jour à Mulhouse, de parents italiens. L’Italie était présente à la maison, dans la langue, dans la cuisine qui était la grande passion de sa mère. Et tous les étés lorsqu’ils retournaient au pays, et faisaient des provisions de produits ensoleillés. La quête du meilleur goût, du vrai, de l’authentique, en dépit de moyens modestes, était une tradition familiale. Massimo, frère aîné de Stéphane, en fit d’ailleurs sa profession, en devenant chef cuisinier.
Passionné d’informatique, Stéphane prit la voie des start-ups et s’installa à Paris. Mais il retournait tous les étés en Italie, retrouvant là-bas des racines amicales mais aussi des goûts uniques. L’espresso couronnant la fin d’un bon repas familial, le petit «caffè» crémeux des bars, aussi délicieux en plein Rome qu’au fond des arcades de Tolentino, il rêvait de le rapporter chez lui, en France.
Il le chercha quelques temps dans Paris, des meilleurs restaurants aux plus typiques bistrots, mais ne le retrouva jamais. Il dut se rendre à l’évidence: la culture du «caffè» italien n’avait guère passé la frontière. Le seul moyen de s’en procurer était dès lors de le fabriquer lui-même. Il trouva sur la Toile quelques informations, s’équipa d’une machine à espresso, puis d’un petit torréfacteur de table... c’était moult complications à tous les niveaux. Le café vert n’était disponible qu’à l’étranger, sur internet. Lorsqu’il voulait l’acheter aux rares torréfacteurs parisiens, ceux-ci le regardaient bizarrement et le lui vendaient au prix du café torréfié.
En torréfiant lui-même son café, et en le consommant juste après, il constata que le résultat à tous les niveaux, du corps aux arômes, n’avait tout simplement plus rien à voir avec un café éventé depuis ne serait-ce que deux semaines. Les transformations étaient extrêmement rapides. Dès lors, la fraîcheur devenait un élément essentiel pour réussir un bon espresso. Ensuite, il découvrit la grande variété des origines, et leurs saveurs distinctes. C’était une quête passionnante, sans fin.
L’envie de permettre à d’autres amateurs de café de découvrir l’inégalable intensité d’un café «fraîchement torréfié» le hanta longtemps. Mais ce n’est qu’en 2009, à la faveur d’un tournant professionnel, qu'il prit la tangente et put créer la torréfaction de ses rêves, «Caffè Cataldi», axée sur la fraîcheur, le sur-mesure, les origines de grande qualité.
Les ingrédients indispensables à une véritable dégustation de café."
]]>Les termes de "vin nature" ou de "vin naturel" n'ont à ce jour pas de définition légale, ni de contenu précis sinon celui que chacun veut bien lui donner. La définition qui sert désormais de cadre aux adhérents de l'AVN permet de préciser ce qu'est ou devrait être un "vin naturel" pour l'association et ses membres.
La charte est courte et n'entre pas dans les détails, mais l'essentiel est là. Travail des vignes respectant les règles de production biologique (certification AB ou engagement écrit auprès de l'AVN) et aucun intrant en cave sinon du SO2 à des doses réduites. Pour les précisions, lire la suite...
Charte d’approche d’élaboration des vins « nature »
Préambule : le vigneron membre de l’AVN dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit ; il est vigneron paysan, passionné, amoureux de son terroir et de son métier où sa philosophie de production transparaît dans sa vie au quotidien.
a) Les pratiques viticoles
La certification « bio» est souhaitée.
En l’absence, le postulant s’engage par écrit à respecter les règles de production biologiques (règlement CE 834/2007 modifié).
b) Les pratiques œnologiques
Un vin nature ne s’élabore qu’à partir de raisins sains et mûrs ayant subi le minimum de manipulations :
- 30 mg/l pour les vins rouges et effervescents,
- 40 mg/l pour les vins blancs secs,
- 80 mg/l pour les vins blancs à sucres résiduels > à 5 g/l ;
Les cuvées ne répondant pas aux critères d’élaboration ci-dessus ne pourront faire l’objet ni d’une communication, ni d’une commercialisation en rapport avec l’AVN.
Il n’y a pas de contrôle interne : cette charte de bonne conduite, basée sur la confiance, sera signée par les vignerons adhérents sans exception.
Association des vins naturels,
association loi 1901
AVN - Les Mortiers – 72340 Marçon
Le sous-titre est éloquent :
"Lequel est grand & perpétuel
pour ébaudir âme & corps
& contre diverses maladies
de membres extérieurs et intérieurs
composé au profit d'enlumineurs
de museaux par Maître Alcofribas,
l'Architriclin du grand Pantagruel."
Les illustrations de l'ouvrage sont tirées des Songes drôlatiques de Pantagruel, François Desprez, Paris, 1564.
Alcofribas Nasier est un anagramme de François Rabelais et le pseudonyme que celui-ci utilisa pour publier Gargantua et la première partie de Pantagruel.
Ce texte, dont l'original est à ce jour inconnu, est une traduction d'une publication en tchèque de 1622. Divers indices ont néanmoins permis d'attribuer la paternité de ce texte à Rabelais. Bravo aux Editions Allia pour la publication de ce texte, et pour leur catalogue en général.
"Mon estimé maître Pantagruel m'a prié de noter ici en fidélité et brièveté ce qui lui paraît digne d'être consigné pour le profit général de la corporation des buveurs pantagruélistes. Il se fût volontiers acquitté de cette plaisante tâche et eût gravé ces paroles en tables de pierre ; toutefois l'absorption de 184 646 bouteilles de vin d'Anjou ne rendit point sa langue moins habile que sa plume et son poinçon et il n'eut donc aucune raison de le faire par lui-même."
]]>C'est un beau portrait des frères Didier et Jean-Luc Barral, dont le domaine, nommé Léon Barral en hommage à leur grand-père, est situé à Lenthéric dans l'appellation Faugères.
Les vignes sont travaillées sans pesticides, et une vraie réflexion de fond est menée sur la vie du sol. Les implications pratiques en sont nombreuses : adaptation des engins et des outils agricoles, pâturage et apports organiques directs par des vaches, chevaux et cochons dans les vignes, rotation des cultures...
Les résultats sont impressionnants en termes de structure et de vie du sol, de faune, de flore et tout simplement de beauté des paysages. Un apiculteur local ne s'y est pas trompé : il a posé ses ruches dans ce milieu favorable.
Les résultats se voient aussi dans les vins superbes proposés par le domaine, qui sont habilement vinifiés sans additif, excepté parfois un léger apport de SO2 à la mise.
C'est aussi toute la beauté d'un lieu, et de la passion des hommes qui le font tel. Et le vin comme passeur.
]]>Ce roman de René Fallet est aussi rafraîchissant que le bon vin.
Entre belote, 4.21 et beaujolais nouveau, Camadule, Poulouc et Captain Beaujol sauvent leur camarade Debedeux d'une vie ennuyeuse de cadre dans l'aéronautique. Au Café du Pauvre de Gaston et Germaine, où Maman Turlutte se soigne au sauvignon, c'est à coups de saucisson, de beaujo et d'argot que ces mousquetaires du zinc voient passer le train du progrès et offrent une attitude de résistance passive, mais vivante, à la modernité du béton et de la TV.
On pense à Brassens et à Monsieur Hulot, possibles cousins des "anarsouilles" de Fallet.
Ca jacte argot à chaque coin de page mais nul besoin de "Méthode à Mimile" pour se gondoler. Les nombreuses vannes et tirades vino-philosophiques font mouche. A déguster sans modération !
]]>