Extrait de la postface de Michel Le Gris, caviste à Strasbourg (Le Vinophile) et auteur du livre Dyonisos crucifié :

"Le texte de la conférence intitulée La vigne et le vin entre Ciel et Terre, aujourd'hui republié par la revue LeRouge&leBlanc, est d'une étonnante construction polyphonique. Partant des quatre éléments des cosmogonies de l'Antiquité - l'air, la terre, l'eau et le feu -, l'auteur fait entendre nombre de thèmes qui s'entrelacent, se répondent les uns les autres, parfois fusionnent puis se séparent à nouveau, le tout dans un grand bonheur d'écriture. Les deux thèmes les plus immédiats consistent à faire entendre à l'auditeur qui éventuellement l'ignore ce que sont la culture de la vigne puis l'élaboration du vin. Une troisième ligne mélodique introduit les changements survenus au cours de l'histoire dans cette double activité, tant dans sa dimension technique que dans sa signification anthropologique. Et enfin, à l'étage supérieur, l'évocation rapide mais précise de quelques problèmes, conflits et impasses, d'ordre viticole ou oenologique, propre à la modernité. L'audition ou la lecture procure un sentiment de satisfaction devant une telle capacité à éveiller l'intérêt du profane tout en donnant des avis éclairés sur d'importantes questions relatives à la viticulture actuelle. Sans compter la qualité littéraire du discours, qui rappelle que nous sommes en présence d'un représentant ultime de cette ancienne figure du savant dans la société bourgeoise.

Ni le titre de ce texte, ni la référence aux éléments de l'Antiquité ne doivent abuser. Il ne s'agit pas d'un manifeste passéiste. "Il n'y a rien de rétrograde dans mon attitude", écrivait Léglise dans l'introduction de son traité d'oenologie. Dans d'autres écrits, il s'est intéressé à l'alchimie, à Paracelse, ou encore à Olivier de Serres. Son idée n'était pas de ramener la connaissance oenologique à sa forme seizièmiste, ni la science moderne à son stade alchimique. Elle était plutôt d'éclairer celui-ci par celle-là, et aussi de renouer des liens entre d'anciens espaces épistémologiques et l'actuel, la rupture complète de ces liens n'étant pas étrangère, selon lui, aux nombreuses dérives et extravagantes prétentions de la science moderne."